Questions/réponses 9

 

Le Prophète aurait dit de « suivre ma Sunna et celle de mes compagnons ».

Je n’ai entamé aucune recherche pour savoir si ce hadith est authentique ou non. Cependant, je vais considérer qu’il l’est.

Suivre la Sunna des compagnons du Prophète : oui, mais à une condition, que cette « Sunna » ne contredise, ni le Coran, ni la Sunna du Prophète, puisque les compagnons, tout comme n’importe quel musulman sur terre, sont appelés à suivre le Coran et la Sunna. Si, donc, un compagnon ou tout autre musulman, contredit la Sunna, on se doit de ne pas le suivre.

Nous avons, précédemment, vu que lorsque Omar a contredit la Sunna, il avait été immédiatement corrigé par Abou Bakr et Aïcha. Ces deux derniers ne se sont pas dit : « Le Prophète a dit de suivre la Sunna de mes compagnons, alors suivons Omar, même s’il a tort ! » Bien au contraire, ils l’ont immédiatement corrigé. De plus, comment fait-on lorsque deux compagnons ne sont pas d’accord ?

Peut-on alors penser que même lorsque deux compagnons se querellent sur une seule et même pratique, ils ont tous deux raison ! Tout comme pour la bataille de Siffine ou certains prétendus savants ont dit et affirmé, que les deux partis, celui de Mourawiya et celui d’Ali, avaient tous deux raison. Alors, qu’à la lecture du livre de Boukhari entre autres, nous savons que le Prophète avait très clairement désigné les coupables ! Lorsqu’il dit : « O Amar alors que tu les appelleras au paradis ils t’appellerons à l’enfer. » (Voir Boukhari & Mouslim entre autres.)

Autre Exemple : D’après Sa’îd ben El-Mossayab : « Pendant qu’ils étaient à Osfân, Ali et Otsmân furent en désaccord au sujet de l’accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse. « Comment, disait Ali, tu veux arriver à interdire ce que l’Envoyé de Dieu ordonnait de faire ? » Alors, voyant cela, Ali fit à la fois la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse simultanés[1]».

Merwân ben El Hakam a dit : « J’ai eu l’occasion de voir Otsmân et Ali. Otsmân proscrivait l’accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse et leur accomplissement simultané. Voyant cela, Ali fit la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse en disant : « Je ne suis pas de ceux qui, sur le dire d’une seule personne, laissent de côté la règle établie par le Prophète[2] ».

On constate à travers ces deux récits, que Otsmân veut interdire une pratique du Prophète, et que Ali s’insurge contre cette volonté en s’y opposant vivement et fermement. Cela prouve que même des compagnons de premier plan peuvent commettre de graves entorses à la Sunna. Que fait-on dans ce cas ?

Le comportement d’Ali a été de suivre, non pas un compagnon, au nom d’un prétendu hadith qui nous demande de suivre la Sunna des compagnons, mais le Prophète. Et c’est exactement ce à quoi je vous appelle maintenant : SUIVEZ LE PROPHETE !

Ibn Abbâs a dit : « Quand les souffrances du Prophète devinrent plus vives, il s’écria : « Qu’on m’apporte de quoi écrire afin que je vous mette par écrit ce qui vous préservera de l’erreur après moi ! – La douleur domine le Prophète, dit alors ‘Omar ; nous avons le Livre de Dieu qui nous suffit. » Les avis à cette époque furent partagés et la discussion devint bruyante. « Retirez-vous, laissez-moi, reprit alors le Prophète, il ne convient pas qu’on se dispute en ma présence ! » Ibn Abbâs sortit en disant : « C’est mal, aussi mal que possible, de faire obstacle au Prophète quand il désire écrire[3]».

Au travers de ce récit, on constate que Omar a désobéi au Prophète. Là encore, il s’agit de suivre, ou un compagnon, ou le Prophète. Qui suivrez-vous ! Anas rapporte que le Prophète a dit : « Des hommes d’entre mes compagnons viendront à moi vers le bassin mais à peine les aurai-je reconnus qu’on les éloignera de moi. « Ce sont mes compagnons », m’écrierai-je. On me répondra : « Tu ne sais donc pas ce qu’ils ont fait après ton départ[4] »

D’après Sahl ben Sa’d, le Prophète a dit : « Je vous devancerai au bassin. Quiconque passera près de moi y boira et quiconque y boira ne sera plus jamais altéré. Il arrivera des gens que je reconnaîtrai et qui me reconnaîtront ; mais ensuite on nous séparera les uns des autres. » Suivant Abou Sa’id El-Khodri, il faut ajouter : « Je dirai : « Ce sont des miens. » On me répondra : « Tu ne sais donc pas ce qu’ils ont fait après ton départ. » Je dirai : « Arrière, arrière, ceux qui ont changé après moi. »

À travers ces deux récits, on se rend compte que certains « compagnons » du Prophète iront en enfer. La question qui se pose est la suivante : Les suivrez-vous en enfer !

De plus, comment se fait-il que des « compagnons » puissent aller en enfer, alors que l’on nous a dit et affirmé, que tous les compagnons étaient des modèles, en conséquence de quoi, il fallait les suivre, pour ainsi dire, aveuglément ! Dans ce cas, pourquoi ces « modèles » vont-ils séjourner dans le feu ardent ?

La logique me fait dire que si des « compagnons » sont envoyés en enfer, c’est parce qu’ils ont dû commettre nombre de transgressions, et au Coran et à la Sunna et pas des moindres. Surtout lorsque l’on sait que Allah est le Miséricordieux par excellence. Cela prouve bien que même des « compagnons » peuvent se mettre gravement en contradiction avec les enseignements, et le payer par ce qu’il y a de plus grave : le feu de l’enfer ! Dire ensuite qu’il faille suivre la Sunna des compagnons, sans l’analyser, me semble assez périlleux !

Les conditions exigées par ce dernier furent acceptées, sauf celle qui était relative à l’usage de maudire ’Alî en chaire. Mo’âwiya ne s’engagea à faire omettre la formule dans une mosquée que lorsque ‘Hasan assisterait à la prière.[5] »

Amer ben Sa’d ben Abi Waqas a rapporté d’après son père ce qui suit : « Mou’awia ben Abi Soufian dit à Sa’d : « Qu’est-ce qui t’a empêché d’injurier ‘Abou At-Tourab’ ? (Le surnom de Ali ben Abi Taleb). Il lui répondit : « Je n’ai pas fait cela à cause de trois considérations que l’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - lui avait accordées, pour cela je ne l’ai pas fait. Si j’avais l’une d’elles, ça m’aurait été mieux que les chameaux roux. L’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix -, partant dans une de ses expéditions, lui confia une certaine charge. Ali lui dit : « Ô Envoyé de Dieu ! Tu m’as confié les femmes et les enfants ? » L’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - lui répondit : « N’es-tu pas satisfait d’être vis-à-vis de moi dans la situation de Haroun à l’égard de Moïse ? Or après moi il n’y aura aucun Prophète. » D’autre part, je l’ai entendu, le jour de Khaïbar, lui dire : « Je confierai l’étendard à un homme qui aime Dieu et Son Envoyé, Dieu et Son Envoyé l’aiment aussi. » Comme les fidèles aspirent être cet homme, l’Envoyé de Dieu –que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - leur dit : « Appelez-moi Ali. » Ali souffrait d’une conjonctivite, l’Envoyé de Dieu –que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - cracha dans son œil et lui confia l’étendard. Dieu ensuite lui accorda la victoire. En troisième lieu, quand ce verset fut révélé : « Dis : Venez ! Appelons nos fils et vos fils (coran III, 61) », l’Envoyé de Dieu –que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - appela Ali, Fatima, Hassan et Housein et dit : « Grand Dieu ! Ceux-là constituent ma famille. » 32/2404 [6]»

Ces deux textes, l’un rapporté par Tabari, et l’autre par le sahih de Mouslim, nous apprennent que Mourawiya a ordonné que l’on injurie Ali ! Suivrez-vous, au nom du prétendu hadith qui demande aux musulmans de suivre la Sunna des compagnons, cette « Sunna » de Mourawiya qui a consisté à insulter et à maudire Ali ?

Modjâhid a dit : « J’entrai un jour à la Mosquée (de Médine) avec ‘Orwa ben Ez-Zobaïr. Ibn ‘Omar était assis adossé contre la chambre de ‘Aïcha, et des fidèles, à ce moment, faisaient dans la mosquée la prière du milieu de la matinée. Nous interrogeâmes Ibn‘Omar au sujet de cette prière, il nous répondit : « C’est une innovation[7] »

Suivrez-vous ses compagnons dans leurs innovations ?

Conclusion : Se borner à dire que l’on doit suivre aveuglement la Sunna des compagnons est insensé, bien plus, ridicule. On se doit toujours d’analyser si tel comportement, ou telle parole de telle ou telle parole, ne contredit ni le Coran ni la Sunna.





[1] Extrait de « Les Traditions Islamiques -Tome 1» El Bokhâri ; Titre XXV : «Du pèlerinage» ; Chapitre XXXIV : hadith n°9 ; (page 510).

[2] Extrait de « Les Traditions Islamiques -Tome 1» El Bokhâri ; Titre XXV : «Du pèlerinage» ; Chapitre XXXIV : «De l’accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse ; de leur accomplissement simultané ; de l’accomplissement du seul pèlerinage et de la transformation du pèlerinage de celui qui n’a pas amené de victime avec lui»; hadith n°3 ; (page 508)]

[3] [Extrait de « Les Traditions Islamiques -Tome 1 » El Bokhâri ; Titre : « De la science » ; Chapitre XXXIX : « De la mise par écrit de la tradition » ; hadith n°4 ; (page 56)]

[4] [Extrait de « Les Traditions Islamiques -Tome 4 » El Bokhâri ; Titre LXXXI : «Des menus faits de la vie » ; Chapitre LIII : « Du bassin » ; hadith n°7 ; (page 316)]

[5] [Extrait de « Les chroniques de Tabari -Tome 4 » (Abou Djafar Mo’hammed ben Djarir ben Yezid, Editions d’Art les heures claires) ; Cinquième Partie ; Chapitre I : «Election de Hasan » ; (page 3)]

[6] [Extrait de « Le Sommaire du Sahih Mouslim – Volume 2 » (Mouslim, Editions Dar El-Fiker) ; Livre 44 : « Des fastes des compagnons (du Prophète) » ; Chapitre IV : « Les fastes de Ali ben Abi Taleb – que Dieu l’agrée »; hadith n°1237 ; (page 872)]

[7] Boukhari